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Affichage des articles du juin, 2024

Intermède humoristique

  Lettre au trésor public Voici une lettre, authentique parait-il, adressée au percepteur. Monsieur l'agent du Trésor Public, Mon colis a pu vous étonner au départ. Alors voilà quelques explications. Je vous joins à cette lettre une photocopie de l'article du Nouvel Observateur intitulé « Les vraies dépenses de l'état » vous noterez que dans le quatrième paragraphe, il est précisé que l'Élysée a l’habitude de payer des brouettes 5200 francs, des escabeaux 2300 francs et des marteaux 550 francs pièce. Par ailleurs, un très intéressant article du Canard Enchaîné dont la bonne foi est bien connue (copie également jointe) rapporte que le prix des sièges WC du nouveau Ministère des Finances est de 2750 francs pièces. Vous devant la somme exacte de 13216 francs pour l'année fiscale qui s'achève, je vous adresse donc dans ce colis quatre sièges WC neufs et cinq marteaux, le tout représentant une valeur de 13750 fran

Après la guerre

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 Me voilà devenue adolescente. Je porte une jupe plissée, des socquettes, des chaussures à semelles de crêpe qui glissent dès que le sol est humide. Pour la coiffure ce sont deux nattes croisées sur la tête avec une choupette devant. Nous commençons à avoir le droit de sortir. Nous allons visiter des musées, canoter au bois de Vincennes ou au bois de Boulogne. Nous allons aussi danser dans les guinguettes en plein air, à Robinson ou sur les bords de la Marne. Il n’est pas question de sortir le soir. J’ai eu une fois une permission « de minuit » pour une fête scolaire, et à l’heure dite, papa était là à m’attendre. Voici une photo des élèves de ma classe en 1947 alors que je venais de commencer des études de biologie.  Vous remarquerez que nous portons toutes des socquettes! Les femmes ne se teignent plus les jambes. Elles commencent à porter des bas. La grande élégance est d'avoir des bas de soie, chers et fragiles. Pour les autres, c'est le nylon qui a fait son a

Souvenirs de guerre. La libération

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J’ai appris à l’école que les alliés avaient débarqué. Nous étions très mal informés. Le journal et la radio étaient censurés. La radio anglaise était brouillée. J’ai essayé une fois d’écouter les « messages personnels », je n’y ai rien compris. Ainsi je n’ai pas entendu "les feuilles mortes se ramassent à la pelle" Nous avons fait un haut fait de résistance en affichant une carte de France derrière la porte de la cuisine. Nous avions fabriqué de petits drapeaux que nous épinglions dessus au fur et à mesure de l’avance des armées. Au début ça piétinait et nous avions grand peur qu’elles soient rejetées à la mer .Puis ils ont avancé. Les américains distribuaient des boites de lait (dans une région qui en produit le plus) et des chewing-gums Enfin les voilà en région parisienne. Des petits malins ont trouvé intelligent de couper tous les superbes marronniers de l’avenue pour faire des barrages. Voulaient-ils empêcher les alleman

Souvenirs de guerre. La nourriture

  Publié le 11 novembre 2010 Nous manquions à peu près de tout. Nous avions des tickets de ravitaillement pour le pain, la viande, les matière grasses. Selon l’âge nous avions des cartes E(petits enfants) J1 J2 J3 pour les jeunes A(adultes) T(travailleurs de force)C’était très compliqué. Les commerçants devaient découper un morceau de la carte chaque fois qu’ils vendaient quelque chose Nous avons eu du pain gris qui faisait de grands fils lorsqu’on en cassait un morceau. De plus il sentait le moisi. Nous avons eu du beurre qui remontait à la surface du petit déjeuner sous forme de matière gluante Le café était de l’orge grillé et le sucre de la saccharine. Nous avions d’ailleurs aussi des cartes pour le sucre. De temps en temps, lorsqu’un maraicher avait un surplus de production, il venait à Paris avec son camion. Par le bouche à oreille on savait très rapidement qu’il y avait des carottes dans un hangar (à condition d’acheter u

Souvenirs de guerre. Restrictions

Nous ne manquions pas seulement de nourriture. Je me souviens que maman (qui était couturière) nous avait fait des manteaux dans une vieille couverture qui laissait passer le vent. Les femmes qui voulaient être élégantes, se teignaient les jambes en traçant une ligne plus foncée derrière pour que cela ressemble à des bas. J’ai porté des chaussures à semelles de bois ce qui est très inconfortable. On vendait même les semelles pour qu’on puisse y clouer des lanières/ Un jour, on m'avait acheté des semelles articulées, mais les cailloux se prenaient dedans Nous manquions de chauffage. Chez nous seule la cuisine était chauffée. Je me souviens d’un jour ou un camion avait déversé un tas de mâchefer dans notre chemin. Avec tous les voisins, nous avons passé des heures à trier les petits morceaux de coke. On a essayé un petit réchaud qui fo n ctionnait avec des boulettes de papier. Il fallait une heure pour faire bouillir un verre d'e

Souvenirs de guerre. L'occupation

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  Nous habitions près de l’hôpital Percy, qui avait été transformé en hôpital militaire. Il y avait dessus une batterie de DCA (défense anti-aérienne).On voyait monter les «saucisses» tous les soirs.(ce sont des espèces de ballons captifs chargés de détecter les avions). Il y avait sur le trottoir un soldat faisant les cent pas avec deux grosses grenades à la ceinture et cela me faisait peur. Pour aller à l’école je passais sur le trottoir d’en face. Les usines Renault n’étaient pas loin, et il y avait de très nombreux bombardements, surtout la nuit. Au début nous allions à la cave, mais maman a décidé qu’il valait mieux recevoir la moitié de la maison sur le dos que la maison tout entière. Lorsqu’on entendait les sirènes on se cachait sous les draps et on attendait que ça passe. A la fin nous nous levions pour aller voir à la fenêtre, les avions en flammes et les parachutes. Nous craignions toujours une bombe perdue car ils tira

Les années sombres La guerre

  Publié le 8 novembre 2010 Souvenirs de guerre. L'exode Je vais commencer une série d'articles concernant la guerre. Je les ai fait car j'ai toujours regretté de ne pas avoir assez interrogé ma grand-mère sur sa vie pendant la guerre de 1914. Nous n'avons fait aucun exploit, nous contentant seulement de survivre. Voila la première partie. Je vais essayer de rassembler mes souvenirs. Avant tout je dois avouer qu’il y a eu beaucoup de gens plus malheureux que moi et j’ai seulement envie de faire une chronique. Je me souviens de la déclaration de guerre. J’avais huit ans. Je pleurais en disant que je ne voulais pas de ça mais ça ne servait à rien. On nous a emmenés à la mairie pour se procurer des masques à gaz. C’était très laid et cela ne me convenait pas du tout Puis ce fut l’exode. Nous avons eu la chance de ne pas partir sur les routes, mais simplement de prendre le train. Celui-ci a mit toute une journée pou

Histoire de bottes

 Avant de changer de sujet, voici une histoire drôle. C’est l’histoire vraie d’une institutrice de dernière année de maternelle, au milieu de janvier, le mois le plus dur pour tout le monde… Un des gamins lui demande de l’aide pour mettre ses bottes pour aller en récréation et, en effet, elles sont vraiment difficiles à enfiler. Après avoir poussé, tiré, re-poussé et tiré dans tous les sens, les bottes sont enfin chaussées et le gamin dit : « Elles sont à l’envers, maîtresse ». La maîtresse attrape un coup de chaud quand elle s’aperçoit qu’en effet il y a eu inversion des pieds… Bref, nouvelle galère pour les enlever et rebelote pour les remettre ; mais elle réussit à garder son calme jusqu’à ce que les bottes soient rechaussées, aux bons pieds. Et là, le gamin lui dit avec tout la candeur qui caractérise les enfants : « C’est pas mes bottes. » A ce moment, elle fait un gros effort pour ne pas lui mettre une baffe, fait un tour sur elle-même en se mordant les lèvres, se