Après la guerre

 Me voilà devenue adolescente. Je porte une jupe plissée, des socquettes, des chaussures à semelles de crêpe qui glissent dès que le sol est humide. Pour la coiffure ce sont deux nattes croisées sur la tête avec une choupette devant. Nous commençons à avoir le droit de sortir. Nous allons visiter des musées, canoter au bois de Vincennes ou au bois de Boulogne. Nous allons aussi danser dans les guinguettes en plein air, à Robinson ou sur les bords de la Marne. Il n’est pas question de sortir le soir. J’ai eu une fois une permission « de minuit » pour une fête scolaire, et à l’heure dite, papa était là à m’attendre.

Voici une photo des élèves de ma classe en 1947 alors que je venais de commencer des études de biologie.

D'ARSONVAL

 Vous remarquerez que nous portons toutes des socquettes!

Les femmes ne se teignent plus les jambes. Elles commencent à porter des bas. La grande élégance est d'avoir des bas de soie, chers et fragiles.
Pour les autres, c'est le nylon qui a fait son apparition à la libération. On fabrique des corsages en parachute. On fabrique aussi des bas en nylon à 30 ou 60 deniers, alors que maintenant ils font 10 ou 15. C'est dire s'ils n'étaient pas transparents.
J'ai essayé de trouver la définition du denier. Impossible. Est-ce que quelqu'un la connais? D'après mes souvenirs, c'est une question de poids sur une certaine longueur. Plus il est lourd, plus le fil est gros et plus le nombre de deniers est élevé.

Comme cela était tout de même cher, il y avait beaucoup de remmailleuses.

Je me souviens d'une qui était installée dans une minuscule boutique à Troyes.


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